Il y a des histoires qui naissent dans le calme… entre deux respirations, dans ces moments où l’on observe le monde plutôt qu’on ne le bouscule. 🌿
Le petit François est une nouvelle sur la sensibilité, la solitude et la confiance en soi, écrite avec le regard d’une introvertie profondément attachée à la douceur et à la différence.
Elle a reçu le 1er prix du concours d’écriture de la médiathèque d’Avermes, une belle reconnaissance pour un texte né du silence et de la tendresse.
Le personnage principal, François, vit avec un problème de santé qui l’isole du reste du monde.
À travers ses yeux, j’ai voulu explorer ce que l’on ressent quand on se sent “à part” — cette frontière invisible entre le dedans et le dehors, la vie qui continue sans nous, et la richesse intérieure que l’on découvre parfois dans la solitude.
C’est une histoire pour tous ceux qui se sentent différents, discrets ou mis à l’écart, mais qui portent en eux une force intérieure immense.
Elle parle de sensibilité, de courage silencieux, et de ces petits pas par lesquels renaît la confiance en soi.
J’espère que ces mots résonneront avec votre propre histoire,
et qu’ils vous rappelleront que la lumière peut aussi grandir dans le calme,
loin du bruit, là où l’on apprend à s’écouter vraiment. 💙
Bonne lecture.
— Élodie Dumez, thérapeute pour introvertis et hypersensibles
🪶Le petit François
Rêves d’aventures et solitude d’un petit garçon
Le petit François venait de terminer pour la cinquième fois sa lecture de l’Ile au Trésor. Passionné d’histoires de pirates et d’aventures, il s’évadait ainsi de son triste quotidien de petit garçon ayant un pied bot. Il s’imaginait être un capitaine de vaisseau à la jambe de bois et son héros préféré imposait le respect sans que personne ne le regarde de travers à cause de sa claudication. Archéologue reconnu en ce XIXème siècle, son père était peu présent et sa mère s’occupait de lui, mais avec une tristesse telle qu’il préférait les bras consolateurs de sa nurse. Mais depuis qu’il avait sept ans et qu’un médecin avait raté son opération du pied, sa mère l’empêchait encore plus de sortir, car il avait beaucoup de mal à marcher. Pourtant, il s’était promis que s’il pouvait échapper un jour à la vigilance maternelle, il irait se réfugier sous les ramures du grand chêne qu’il voyait au loin depuis la fenêtre de sa chambre. Il rêvait de pouvoir y enterrer son trésor, un petit coffre en bois dans lequel il avait accumulé toutes les pièces que son père lui avait offertes à chacun de ses anniversaires. Ainsi, il serait comme un vrai pirate. Bien entendu, il constituerait une carte au trésor qu’il cacherait dans sa bibliothèque pour pouvoir se souvenir de son emplacement.

Le jour où François osa franchir la porte
Les circonstances allaient bientôt pouvoir être réunies lorsque sa mère dut s’absenter pour aller rendre visite à sa sœur qui allait bientôt accoucher. Le voyage en calèche et en train étant trop fastidieux pour François, elle préféra le laisser dans son environnement protégé, en donnant force conseils à la nurse et aux domestiques qui devraient veiller sur lui en son absence. D’abord vexé de n’avoir pas pu l’accompagner et de découvrir d’autres horizons, François se consola rapidement en prévoyant de rejoindre enfin le gros chêne du champ d’en face afin d’y enterrer son trésor pendant l’absence de sa mère. Cela fut facile d’échapper à la vigilance des domestiques, qui, n’imaginant pas une seconde que ce petit garçon puisse aller bien loin avec son pied bot, ne le surveillaient guère. Seule sa nurse était plus attentive, mais l’ayant laissé dans sa chambre pour aller aider en cuisine, elle pensa que celui-ci lirait toute la journée comme à son habitude.
Muni de son précieux trésor bien à l’abri dans un sac de cuir en bandoulière, François partit à l’aventure. Et c’en était une pour lui : peu habitué à l’effort physique et muni de sa canne, il avança courageusement jusqu’au lieu qu’il avait tant souhaité atteindre depuis ses rêveries à la fenêtre de sa chambre. Quand il atteignit enfin l’arbre, qui se trouvait au bord d’un champ, il se laissa tomber de bonheur en faisant voler sa canne. Puis, reprenant ses esprits, il entreprit de trouver le meilleur emplacement pour enterrer son trésor. Il avisa un écart entre deux grosses racines du chêne, et commença à creuser avec une grosse cuillère à soupe qu’il avait soigneusement cachée après le dîner de la veille.
Alors qu’il avançait bien, il heurta quelque chose de dur. Pensant qu’il était tombé sur une racine, il se décala un peu et se rendit compte qu’il ne s’agissait pas de cela, mais d’un petit objet blanc. Piqué par la curiosité, il continua doucement son exploration pour en extraire un petit sanglier et un autre curieux petit animal qu’il ne reconnut pas. Intrigué, il étudia avec intérêt et joie sa trouvaille. Il mit le sanglier dans son sac mais laissa de côté l’autre petit personnage qui lui faisait peur. Il le posa par terre pour pouvoir enterrer à sa place son petit coffre.
Le trésor disparu
Il parvint à retourner dans sa chambre avant que sa nurse ne se rende compte de son absence. Ivre de joie d’avoir réussi sans se faire repérer, il s’écroula sur son lit. Le pied meurtri mais le cœur heureux, il serrait contre son cœur le petit sanglier blanc.
Le lendemain matin, après une bonne nuit de sommeil favorisée par l’exercice physique de la veille, il plongea sa main sous son oreiller pour retrouver la petite figurine qu’il avait cachée là. Mais il ne la trouva pas. Pris de panique, il retourna son oreiller, chercha autour de son lit, sous les draps, partout dans sa chambre, sans succès. Très triste d’avoir perdu le joli symbole de son aventure, il resta un long moment immobile sur son lit. Il résolut finalement de retourner dans l’après-midi sur le lieu de sa découverte pour y retrouver l’autre petite figurine afin de s’assurer qu’il n’avait pas rêvé.
Il fit de même que la veille et attendit que sa nurse le laisse pour aller aider en cuisine en faisant mine d’être absorbé par un livre. Une fois assuré qu’elle était bien partie, il refit le même chemin avec sa petite canne, un peu consolé de pouvoir s’octroyer une nouvelle escapade au soleil. Arrivé au pied de l’arbre, il chercha la petite figurine près de la racine où il l’avait laissée. Mais là aussi, elle avait disparu. François se demanda tout à coup si la fatigue de la marche ne lui avait pas donné des hallucinations. Alors qu’il réfléchissait, il vit venir à lui un tout petit chien blanc d’environ cinq centimètres. Au début, il pensait que c’était parce ce qu’il était loin qu’il lui semblait si petit, mais finalement, l’animal aux oreilles pointues avança jusque devant lui sans changer de taille.

François eut à peine le temps de se frotter les yeux que le minuscule personnage le rabroua, lui disant qu’il lui avait volé son ami le sanglier. « Nous sommes enterrés là avec mon maître depuis des siècles, lui dit-il, pour accompagner son âme. Il est mort prématurément et ses parents nous ont mis avec lui afin, qu’en tant qu’ami fidèle, je l’accompagne et que le sanglier, qui est en contact avec l’au-delà, l’aide à trouver le chemin. Depuis hier, je me suis réveillé, à l’air libre, à cause de toi ! Et le sanglier a disparu ! J’ai très peur que l’âme de mon ancien petit maître ne soit dérangée dans son repos à cause de ce que tu as fait ! Dis-moi où tu l’as mis ! »
L’enfant et le petit chien blanc
François, qui pensait déjà avoir eu des hallucinations quelques instants plus tôt, resta ébahi. Malgré le peu de rationalité de la situation, il comprit que les deux figurines avaient pris vie après qu’il les eut déterrées et que le sanglier avait dû partir de sa chambre seul, ce pourquoi il ne l’avait pas retrouvé ce matin. Il se pinça pour vérifier qu’il ne rêvait pas et finit par répondre au petit chien en lui expliquant ce qui s’était passé. L’animal au pelage blanc raisonna en se disant que le sanglier était certainement en train d’essayer de retourner sur le lieu funéraire afin de rétablir l’ordre. Il demanda alors à François de refaire avec lui le chemin en sens inverse afin d’essayer de le retrouver. Le petit garçon refit donc la même route, accompagné d’un minuscule chien blanc fort contrarié.
Ils cherchèrent longtemps tout le long du sentier, regardant partout, se partageant les alentours. Le petit chien, se rendant compte que François avait de plus en plus de mal à marcher, lui recommanda de s’asseoir un peu. Ce fut un moment que le petit garçon n’oubliera jamais : alors que jusqu’à présent l’animal n’avait eu que peu d’attention pour lui et même de la rancœur à cause de ce qui était arrivé, il changea d’un coup de regard. Ses yeux s’attendrirent, et des larmes coulèrent même sur son pelage. François le trouva beau ainsi et caressa sa tête du bout de l’index, tant il était petit. « Tu dois me trouver bizarre, dit le chien, mais tu viens de me rappeler mon ancien maître. Il avait le même âge que toi, les mêmes cheveux, les mêmes yeux. Et il est malheureusement mort à cause d’une blessure au pied qui a gagné sa jambe. L’espace d’un instant, j’ai cru que c’était lui… »
François le rassura en lui promettant qu’ils allaient retrouver le sanglier et que l’âme de son maître resterait en repos. « Mon pied me fait mal, c’est vrai, mais ce n’est pas mortel comme pour ton ancien maître. C’est juste une déformation, sois sans crainte ». Alors qu’il arrivait tout juste à le rassurer en faisant mine de marcher tranquillement, François poussa un cri : une énorme épine venait de lui traverser son pied bot déjà douloureux. Le petit chien, encore pris dans son parallèle émotionnel entre son maître et François, fut pris de panique et hurla à la mort. Le cri fut si fort que le sanglier l’entendit et les rejoignit. Voyant tout de suite le pic dans le pied de François, il l’enleva de sa petite bouche puis le chien, reprenant ses esprits, lécha la plaie une fois le pic extrait. Pour les remercier, l’enfant prit dans ses mains les deux petits animaux et leur jura qu’il les ramènerait près de la tombe de leur ancien ami.

La nurse, les figurines et la disparition
Le sanglier n’avait pas été le seul à avoir entendu le hurlement du chien. La nurse aussi avait été intriguée par ce bruit perçant d’outre-tombe. Elle devina que quelque chose se passait, et prise par l’inquiétude, elle courut dans la chambre de son jeune maître et vit qu’il n’était plus là. Comprenant, elle se précipita dans la direction du bruit qu’elle avait entendu, pressentant qu’il s’était passé quelque chose. Mais le hurlement cessa, et elle ne savait plus où chercher, si ce n’est d’aller en direction du gros chêne. Malheureusement, elle ne le trouva pas là. Prise de vertige face à cette disparition soudaine, elle s’assit au pied de l’arbre et sentit quelque chose sous sa main. Pensant que c’était une pierre, elle allait l’écarter, quand elle se rendit compte qu’il s’agissait d’un objet.
L’observant de plus près, elle crut reconnaître son maître en miniature. Il s’agissait d’une petite figurine blanche représentant un enfant qui se regardait curieusement le pied. Au même emplacement, elle vit aussi un sanglier et un chien blancs tout aussi minuscules. Les trouvant beaux, elle reprit courage en se disant qu’elle retrouverait le petit garçon et lui offrirait ces trois petites figurines à son retour. Elle se dit que c’était un signe et qu’elle devrait interroger les chasseurs du village : ils ont des chiens, ils chassent le sanglier et connaissent bien la nature. Ils en sauront peut-être plus qu’elle sur l’origine du hurlement qu’elle avait entendu. Mais avant cela, elle alla prévenir les autres domestiques de la maison afin qu’ils organisent une recherche et préviennent les autorités. Elle posa les figurines dans la chambre de François, leur fit comme une petite prière et sortit.

Le retour des amis et la nuit des transformations
Au milieu de la nuit, François se réveilla entouré de ses deux nouveaux amis. Son pied lui faisait encore mal, mais il goûtait la chaleur du pelage du chien et du sanglier qui dormaient autour de lui. Il ne se souvenait plus pourquoi il s’était assoupi. Les dernières images qui lui revenaient en mémoire étaient celles du sanglier qui lui arrachait l’épine qui avait traversé sa chaussure. En regardant autour de lui, le décor lui parut familier mais infiniment grand. Il connaissait cette cheminée, cette armoire, ce lit… Tout à coup, il se rendit compte, interloqué, qu’il se trouvait dans sa chambre.
Mais tout lui semblait monumental. Il voulut réveiller le chien et le sanglier et se rendit compte qu’ils faisaient la même taille que lui, eux qui mesuraient à peine cinq centimètres auparavant. Il comprit alors qu’il avait lui-même rétréci. Pris de panique, il réveilla les deux animaux qui furent surpris de le voir ainsi. Après quelques minutes de réflexion, le sanglier, qui avait beaucoup de connaissances et de sang-froid, suggéra de retourner au pied du grand chêne. « Il n’y a que là que nous trouverons une réponse car c’est un lieu funéraire sacré, l’endroit où le défunt petit maître du chien a été inhumé. C’est parce que j’en ai été éloigné que je me suis transformé. Nous devons y retourner ».
Le grand chêne, lieu du repos et de la guérison
Tous partagèrent son opinion et décidèrent de se mettre en route immédiatement. Comme François avait encore mal au pied, les deux animaux se relayaient pour le porter sur leur dos. Le petit chien lui était maintenant très dévoué et revivait une belle complicité avec ce petit garçon qui ressemblait tant à son ancien maître. Il priait très fort pour que son pied guérisse et qu’il ne subisse pas le même sort. Grâce à la pleine lune, ils réussirent à se repérer mais allaient bien lentement avec leurs toutes petites pattes. Il fallait éviter le hibou et le renard qui rôdaient à la recherche d’une proie et ne pas se laisser impressionner par l’ombre des arbres et les bruits de la nuit.
Ils parvinrent heureusement jusqu’au lieu désiré. François descendit du dos du petit chien et attendit que le sanglier trouve une nouvelle idée. Cependant, au moment où il descendit de son dos, il se sentit grandir, grandir, jusqu’à atteindre sa taille normale de petit garçon de sept ans. Fou de joie, il voulut embrasser ses amis mais les vit se transformer sous ses yeux en deux petites statuettes blanches. Les figurines étaient telles qu’il les avait trouvées le premier jour, hormis la marque d’une petite larme au coin de chacun de leurs yeux. Sidéré, il les regardait, impuissant, se transformer sous ses yeux, versant lui aussi des larmes de tristesse. Mais tout s’était passé tel que le sanglier l’avait prédit, et il lui fallait maintenant tenir sa promesse : les remettre en terre afin qu’ils rejoignent de nouveau l’âme du petit garçon gallo-romain qu’ils n’auraient jamais dû quitter.
Une dernière rencontre et un nouveau départ
Il réussit à reprendre courage pour effectuer cette mission et crut avoir de nouveau une hallucination en voyant un petit chien blanc aux oreilles pointues venir vers lui en jappant. Il le prit dans ses bras et l’embrassa avec émotion, car il lui rappelait son tout petit ami qu’il venait d’enterrer. Puis il entendit des gens crier son nom dans la nuit. Le chiot se mit à aboyer plus fort pour les faire venir. Toute une troupe de chasseurs accompagnée de sa nurse accourut. Très heureuse de l’avoir retrouvé, elle l’embrassa avec effusion et le gronda ensuite de s’être enfui de la sorte.

Mais le regard de François était encore si empreint de tristesse qu’elle ne dit plus rien. Elle lui prit la main pour rentrer doucement chez eux et les chasseurs lui laissèrent le petit berger blanc belge qui ne voulait plus le quitter. Ce chemin qu’il avait tant voulu faire entre sa maison et ce grand chêne, il le connaissait maintenant par cœur et y avait imprimé des souvenirs impérissables. Mais le plus incroyable, c’est qu’au fur et à mesure de son avancée, il sentit qu’il n’avait plus mal au pied. Jamais il n’avait marché avec tant de facilité. Il s’arrêta un instant pour imprimer dans son esprit ce moment merveilleux, inspira profondément, caressa son fidèle petit chien et reprit le chemin de sa vie : il était guéri.
🕊️ Et si vous faisiez, vous aussi, le premier pas vers la sérénité ?
Si cette histoire a touché quelque chose en vous — cette part sensible, discrète ou blessée qui cherche à se réparer — sachez qu’il est toujours possible de retrouver confiance et apaisement. 🌿
J’accompagne les personnes introverties, timides ou hypersensibles à faire ce chemin en douceur.
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